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En quête d'Ethiopie.com

Blog pour faire découvrir l'Ethiopie, pays magnifique de l'Afrique, mais souvent méconnu par les voyageurs

La route historique, un voyage en Abyssinie, de nos jours le nord de l'Ethiopie :

La route historique : est le nom donné à l'itinéraire que suivent les voyageurs visitant le nord de l'Éthiopie, et qui leurs permet notamment de découvrir les quatre principaux lieux historiques de la route, qui sont en allant du sud vers le nord : Bahar Dar, Gondar, Lalibela et Axoum.

Suivre la route historique, c'est un peu comme remonter le temps, tant certaines scènes de vie rappellent la période biblique.

La région où elle se situe était anciennement connue sous le nom d'Abyssinie.

Définition de l'Abyssinie :

L'Abyssinie fut le nom donné par les voyageurs étrangers à l'Éthiopie historique, de la venue des Portugais au 16e siècle jusqu’à la fin du 19e siècle, et correspondant géographiquement à la partie nord du pays.

Le mot Abyssinia (Abyssinie en français) dériverait du mot Habesha.

Depuis plusieurs millénaires, le mot Habesha et ses variantes (Habesh, Habeshim) ont été utilisés pour nommer les habitants de certains territoires de la péninsule sud-arabique à la Corne de l’Afrique.

Bien que le mot remonte à l’antiquité, il n’y a pas de consensus sur ce qu’il signifie réellement.

La plus ancienne inscription sur laquelle est gravé ce mot est une inscription sud-arabique (aujourd’hui le Yémen) datant du 2e ou 3e siècle de notre ère, racontant la défaite d’un Negus (roi) des Axoumites et ḤBŠT (la langue sabéenne ou sud-arabique n’avait pas de voyelles).

Selon le Dr. Eduard Glaser, un arabiste et archéologue autrichien renommé, les Habeshas étaient originaires du Yémen du Sud-est et vivaient à l’est du royaume d’Hadramaout dans le district moderne de Mahra. Il croyait que l’étymologie du mot Habesha devait dériver de la langue Mehri qui signifie cueilleurs d’encens. Il a affirmé que les habitants de Mahra et leur langue devraient être considérés comme les descendants du peuple et le discours de l’ancienne Habeshas.

Dans l’histoire de l’Ethiopie, Habesha était également le nom d'un des peuples venus du Yémen en Éthiopie au 10e siècle avant la naissance du Christ et qui s'installa dans la région de Yeha au nord du pays.

En fait, la première mention du mot Habesha dans la Corne de l’Afrique date seulement du 4e siècle de notre ère sur une inscription du roi axoumite Ezana.

C’est une inscription trilingue (en grec ancien qui était la langue universelle pour le commerce, en langue sud-arabique, et guèze la langue des axoumites) sur de la pierre racontant sa victoire sur les Bejas, dont le territoire se trouvait plus au nord entre l’Erythrée et le désert arabique de l’est de l’Egypte. Elle est exposée sous un abri à Axoum.

Après avoir conquis les royaumes et les territoires voisins des deux côtés de la Mer Rouge, Ezana s’est appelé :

"Ezana, roi d’Aksum, et du Himyar, du Kasu, de Saba, d’Habashat, et Raydan, et Salhen et Tsiamo, et du Beja, le roi des rois"

En référence à l’inscription d’Ezana, le professeur Max Muller, un philologue (Spécialiste de l'étude historique des textes) et orientaliste allemand, pensait que le territoire des royaumes axoumite et Habashat étaient différents. Il soulignait que puisque les deux territoires nommés avant et après Habashat se trouvaient en Arabie, celui des Habashat était aussi en Arabie.

D’après les inscriptions laissées par les axoumites, ils ne se considéraient peut-être pas eux-mêmes ni leur territoire comme Habesha.

Même Cosmas Indicopleustès, le célèbre voyageur grec qui a visité le royaume d’Axoum au 6e siècle, n’a fait aucune référence aux Habeshas dans ses écrits.

C’est en fait les voyageurs et géographes arabes, qui a partir du 9e siècle, ont commencé à décrire la région et les habitants de la Corne de l’Afrique comme Habeshas.

Les récits des voyageurs arabes montrent que le nom Habesha avait été adopté par certains des habitants de la région au milieu du 9e siècle.

Les premiers voyageurs européens vont alors également utiliser le mot Habesha pour décrire les habitants de la région.

Quand les Portugais ont débarqué dans la Corne de l’Afrique au début du 16e siècle, ils auraient altéré et latinisé le terme Habesha ou Habesh  (nom donné par leurs ennemis les ottomans depuis leur conquête de la région de Massawa aux territoires s’étendant à l’intérieur du pays).

Celui-ci a été déformé par les Portugais qui omettaient la première lettre et remplaçaient le « ch » par « x », donnant Abexim. Les récits portugais de l’époque nomment ainsi le territoire de l’Ethiopie, Imperio do Abexim.

Le mot Habesha latinisé, s’est transformé dans le temps, commençant peut-être par les copistes du 16e siècle, en "Abassia", "Abassinos", "Abessina" pour finalement devenir "Abyssinia" (en français Abyssinie) l'utilisation de ce terme est attestée dans les années 1620.

L’Abyssinie incluait l'ancienne province du choa (ou Shewa) et s'étendait jusqu'à l'Érythrée, qui a porté différents noms durant l'histoire et fut nommé ainsi lorsque les italiens en firent une colonie à la fin du 19e siècle.

Le terme Éthiopie devint le nom officiel du pays à l'époque de Ménélik 2, lorsque celui-ci à partir de 1878 (il était à l’époque le roi du Choa) étendit son royaume en conquérant les territoires situés plus à l'ouest, à l'est et au sud du pays, et signa des traités frontaliers avec les pays voisins alors colonisés par la France, le Royaume Uni et l'Italie.

L’origine du nom Ethiopie :

Dans la bible, le pays des noirs est désigné comme celui de Koush (ou encore Kouch).

Koush est mentionné à plusieurs reprises dans l’Ancien Testament. Les fils de Cham furent : Koush de l’hébreu kûš, Misraïm, Pout et Canaan (Genèse 10, 6).

Dans le livre d'Ézéchiel, Dieu dit «et je ferai du pays d'Egypte un désert et une solitude depuis Migdol jusqu'à Syène et aux frontières de Koush» (Ezéchiel 29, 10)

Dans l’histoire de l’ancienne Égypte, le royaume de Koush était un vaste territoire s’étendant de la région d’Assouan jusqu'à la Nubie, la région au nord de Khartoum. Durant l’histoire, il fut également connu sous le nom de royaume de Méroé.

Dans la bible en grec, la Septante, les traducteurs vont traduire le terme hébreu Koush par le mot Aithiopia, qui semblait avoir désigné spécifiquement le royaume de Méroé, mais s’appliquait tout aussi vaguement à l’Afrique noire. Ce nom vient du mot aithiops qui signifie visage brûlé (Αἰθιοπία / Aithiopía, de αἴθω / aíthô « brûler » et ὤψ / ốps, « visage »), ces territoires situés au sud de l’Egypte antique sont les pays des visages brûlés.

Les traducteurs latins de la Vulgate ont repris ce nom sous la forme Æthiopia.

La Septante est la traduction de la Bible hébraïque en grec ancien (koinè). Selon une tradition rapportée dans la lettre d’Aristée (2e siècle avant la naissance du Christ), la traduction de la Torah aurait été effectuée par 72  traducteurs à Alexandrie vers 270 avant la naissance du Christ.

La Vulgate est la traduction en latin de la Bible, traduite à la fin du 4e siècle de notre ère directement depuis le texte hébreu de l'Ancien Testament et depuis le texte grec du Nouveau Testament.

Par le mot Aithiopia, les géographes grecs désignaient depuis des siècles, au sens large, les peuples de peau noire, du sud de l’Égypte jusqu’à l’Inde, et au sens plus restreint, les peuples habitant les régions du Haut Nil.

Dans la Grèce antique, l’Éthiopie était considérée comme un endroit particulièrement spécial, où les gens vivaient longtemps, étaient irréprochables et très révérencieux. Dans la mythologie, par exemple, les dieux grecs sont allés en Éthiopie où ils ont apprécié les festins de moutons et de taureaux. 

Bien que les écrivains grecs et romains antiques semblent parfois avoir été incertains de l’emplacement exact de cet endroit lointain, beaucoup de faits géographiques et ethnographiques enregistrés au sujet de l’Éthiopie sont étonnamment détaillés et précis.

La première mention en grec d’un éthiopien se trouve sur plusieurs tablettes d’argile de la culture mycénienne de l’âge de bronze.  L'âge du Bronze dans le monde égéen s'étend de ± 3200 jusqu'à ± 1100 avant la naissance du Christ.

Certaines des tablettes qui mentionnent un dénommé Ethiopien, étaient des relevés administratifs faits dans un palais de l’état Mycénien de Pylos dans le sud de la Grèce. Les tablettes font mention d’une personne qui porte le nom d’Aithiops  (Ethiopien). Il est propriétaire foncier à Pylos. Nous n’en savons pas plus sur la personne à qui la tablette fait référence, est-elle nommée en raison de son origine ethnique ou de sa patrie? Est-il simplement particulièrement bronzé ou à la peau foncée en apparence, et porte un nom dont la traduction est visage brûlé? Y a-t-il des raisons de croire que les Grecs de l’âge de bronze avaient une expérience de l’Éthiopie ou des Éthiopiens?

Le terme aithiopia ou aethiopia apparait beaucoup dès les plus anciens textes mythologiques grecs.

Homère (poète grec, circa 8e siècle avant le Christ) est le premier à mentionner le nom éthiopiens (Αἰθίοπες, Αἰθιοπῆες). Il figure deux fois dans l’Iliade et trois fois dans l'Odyssée (récits au sujet de la guerre de Troie). 

Homère écrit que : les éthiopiens se trouvent aux extrémités est et ouest du monde, divisé par la mer en "oriental" (au lever du soleil) et "occidental" (au coucher du soleil). Dans le livre 1 de l’Iliade, Thétis visite l’Olympe pour rencontrer Zeus, mais la réunion est reportée, car Zeus et d’autres dieux sont absents, visitant la terre des éthiopiens.

Dans ses Histoires (circa 440 avant la naissance du Christ), Hérodote (historien et géographe grec) présente quelques-unes des informations les plus anciennes et détaillées sur "Aethiopia". Il raconte qu’il a personnellement remonté le Nil jusqu’à la frontière de l’Egypte jusqu’à l’île Éléphantine (situé à proximité de la ville d’Assouan). À son avis, "Aethiopia" est toute la terre habitée trouvée au sud de l’Egypte, en commençant à partir de l’île Éléphantine. Il décrit une capitale à Meroë, ajoutant que les seules divinités qui y étaient adorées étaient Zeus (en Egypte antique Amon) et Dionysus (en Egypte antique Osiris). Il rapporte que sous le règne du pharaon Psammétique Iᵉʳ (un pharaon de la 26ᵉ dynastie ayant régné entre l'an 664  et 610 avant le Christ), de nombreux soldats égyptiens ont déserté leur pays et se sont installés au milieu des éthiopiens.
Hérodote nous dit que le roi Cambyse 2 (grand roi achéménide de l'empire Perse de 529 à sa mort en 522 avant le Christ) a envoyé des espions aux Aethiopiens: "qui ont habité dans cette partie de la Libye (l’Afrique antique) qui borde la mer australe. Ils ont trouvé des gens forts et en bonne santé. Bien que Cambyse fasse alors campagne pour leur pays, en ne préparant pas assez de provisions pour la longue marche, son armée échoue complètement et revient rapidement".

Hérodote définit Aethiopia comme la région la plus éloignée de la Libye:
"Là où le sud décline vers le soleil couchant se trouve le pays appelé Aethiopia, la dernière terre habitée dans cette direction. Là l’or est obtenu en grande abondance, les éléphants énormes abondent, avec les arbres sauvages de toutes sortes, et l’ébène ; et les hommes sont plus grands, plus beaux, et ont vécu plus longtemps que nulle part ailleurs".

La Lybie antique désigne une ancienne région à l'ouest du Nil correspondant à l'Afrique du Nord-Ouest. En Grèce classique (époque de l’histoire de la Grèce antique allant des 5e  et 4e  siècles avant le Christ) le terme avait un sens plus large, englobant le continent qui plus tard (2e siècle avant le Christ) devint connu sous le nom d'Afrique.

Pline l’ancien quand à lui, dit que le lieu-nom Aethiopia dérive d’Aethiops, un fils de Vulcain, dieu romain du feu, des volcans (Héphaïstos pour les grecs).

Texte latin : Cetero cum potirentur rerum Aethiopes, insula ea magnae claritatis fuit. Tradunt armatorum CCL dare solitam, artificum III. Alii reges Aethiopum XLV esse hodie tradunt. Vniuersa uero gens Aetheria appellata est, deinde Atlantia, mox a Vulcani filio Aethiope.

Traduction : Au reste, au temps de la puissance des Éthiopiens, cette île avait une grande réputation. On rapporte qu'elle fournissait d'ordinaire 250.000 hommes armés et 3.000 artisans. D’autres rapportent qu'aujourd'hui encore les Éthiopiens ont quarante-cinq rois. Mais le pays dans son ensemble a été appelé Aethérie, ensuite Atlantie, puis Éthiopé, d'après Éthiops, le fils de Vulcain.

Pline l’Ancien est un écrivain et naturaliste romain du 1er siècle de notre ère, auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée histoire naturelle (vers l’an 77).

Des siècles plus tard, après le déclin du royaume de Méroé au 4e siècle, le nom d'Éthiopie est utilisé (en même temps que d'autres noms) à la fois par les rois de Nubie et ceux d’Axoum. Ces mêmes axoumites vont conquérir la Méroé lors du règne du roi Ezana, le pays de Koush est mentionné avec d’autres territoires conquis dans son titre de roi.

Sur cette inscription, Ezana se dit d’abord le roi des axoumites, puis d’Ethiopie, de Koush, etc... A l’époque le nom Ethiopie, ne semble indiquer qu’un territoire

En effet, les traducteurs axoumites ont à partir du 4e siècle (l’inscription du roi Ezana), transcrit le nom grec en langue guèze sous la forme Ityop’ya. 

Le pays prendra officiellement le nom d’Ethiopie, 1600 plus tard.

L’inscription du roi Ezana, datant du 4e siècle de notre ère, est une inscription trilingue écrite sur de la pierre, en grec ancien (koinè dialektos, le dialecte commun des grecs du 4e siècle avant le Christ jusqu’en l’an 330 de notre ère), égyptien démotique (L'égyptien démotique ou simplement démotique est une simplification des hiéroglyphes, voulue par les scribes pour pouvoir écrire plus vite) et guèze, parlant de sa campagne militaire contre le peuple Beja, dont le territoire était situé en Érythrée.

Le grec est la langue universelle durant la période axoumite notamment pour les relations commerciales.

Dans un écrit rédigé en grec et datant de la première moitié du 1er siècle, le Périple de la Mer Érythrée, on mentionne Zoskales comme régnant sur le port d’Adulis (le port des axoumites, de nos jours la région de Massawa), et il est précisé que celui-ci avait une certaine connaissance de la littérature grec.

Le Matshafa Aksum, ou livre d’Axoum (détenu par l’église orthodoxe éthiopienne), une topographie de la ville d’Axoum écrit en guèze et datant du 17e siècle, dit que la ville était autrefois construite à Mazeber (la ruine) où était la tombe d’Ityopis (Ethiopis), fils de Koush, petit-fils de Cham, descendant de Noé. Ce manuscrit ne précise pas l'origine du nom. Les enfants de Koush étaient Nimrod, Saba, Havila, Sabta, Raema et Sabteca. Aucune mention dans la Bible d’Ethiopis.

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