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En quête d'Ethiopie.com

Blog pour faire découvrir l'Ethiopie, pays magnifique de l'Afrique, mais souvent méconnu par les voyageurs

Les langues de l'Ethiopie

Les langues en Ethiopie :

Les langues du continent africain :

Il y a plus de 2500 langues en Afrique aujourd’hui, ce qui représente environ 30% des langues parlées dans le monde.

Ces langues sont divisées en cinq familles :

1 - Les langues nigéro-congolaises, parlées dans la plupart des pays d’Afrique de l’ouest et centrale, et dans la partie sud-est du continent. C’est la plus grande famille de langues africaines comprenant plus de 55 pour cent du total des langues parlées, soit plus de 500 millions d’africains.

2 - Les langues afro-asiatiques, auparavant nommées chamito-sémitiques, parlées par les peuples au nord et nord-est du continent.      

Les langues afro-asiatiques représentent 350 langues parlées par environ 410 millions d’individus.

Dans cette famille, on trouve :

  • Les langues berbères.
  • Les langues couchitiques parlées dans la Corne de l’Afrique.
  • Les langues sémitiques parlées Afrique du Nord (arabe), au Moyen-Orient, dans la Corne de l’Afrique.
  • Les langues tchadiques parlées au sahel, du Niger à la Centrafrique
  • Les langues omotiques parlées principalement dans le sud de l’Ethiopie
  • L’égyptien ancien, la langue des Coptes égyptiens.

Le mot sémitique dérive de Sem, le fils de Noé, mentionné dans la Genèse, l’ancêtre des peuples qui parlaient un même groupe de langues: syriens, babyloniens, hébreux et arabes. Le terme a été inventé en 1781 par l’orientaliste allemand August Ludwig Schlözer pour désigner alors l’arabe, l’araméen et l’hébreu.       

Au 1876, le terme chamitique ou hamitique fut introduit par le linguiste autrichien Friedrich Müller en faisant référence au nom d’un autre fils de Noé, Cham, afin de désigner un groupe de langues, principalement l’égyptien ancien, le berbère ou les coptes, parlés dans le nord du continent africain. Les langues parlées en Ethiopie et dans la corne orientale de l’Afrique, sont également incluses dans cette famille sous le terme de couchitique, encore en référence au fils de Cham. Ces appellations ont été choisies en fonction des généalogies bibliques et sont largement arbitraires.

Le terme chamitique est controversé car il est lié au mythe de la malédiction de Cham, que tous les noirs descendraient de Cham.

La Table des peuples, qui est l'appellation donnée à la liste des descendants de Noé dans l’ancien testament, a servi de référence aux linguistes pour les termes de sémitique et couchitique.

Le terme couchitique vient de Koush, un personnage de la bible, fils de Cham. C’est  l'appellation que les égyptiens de l’antiquité ont donné au royaume qui s'établit au sud de leur pays, ce royaume fut connu à une époque sous le nom de royaume de Méroé.

3 - Langues nilo-sahariennes, parlées par des ethnies vivant le long du Nil depuis le sud du Sahara. C’est environ 200 langues et plus de 31 millions de personnes.

4 - Les langues Khoisan, parlées notamment par les peuple Khoikhois et San dans le sud-ouest du continent.

5 - Les langues austronésiennes, parlées à Madagascar, Mayotte et aux Comores.

Langues africaines

 

Langues afro-asiatiques

Les langues parlées en Ethiopie :

Selon le recensement de 1994, il y avait 88 langues recensées dans le pays dont 77 langues locales. Certaines de ces langues sont éteintes ou en voie de disparition comme le gafat dans le sud-est de la région de Gondar et le bosha dans le sud-ouest du pays, le weyto ou wayto au bord du lac Tana, la langue zay, encore parlée par quelques personnes du lac Ziway, les langues bayso et harro du lac Abaya au sud de l’Ethiopie, l’ongota (langue appelée également birayle) dont il restait 12 locuteurs natifs en 2012, vivant sur la berge ouest de la rivière Weito dans le sud du pays.

Le pays a une importante variété linguistique avec plus de 200 dialectes.

Beaucoup de langues ont disparu après l’assimilation par les ethnies dominantes.

La plupart de ses langues font parties de la famille des langues afro-asiatiques, divisées en trois groupes :

1 - Les langues éthiosémitiques du sud :

  • L’amharique, la langue du peuple Amhara. C’est la langue officielle de la région Amhara. Depuis la constitution de 1995, l’amharique n’est plus la langue officielle du pays, car toutes les langues sont considérées égales. Elle a le statut de langue de travail du gouvernement fédéral.
  • L’argobba, langue proche de l'amharique, est encore parlée dans quelques villages au sud-est de la région Amhara et au nord de la zone du Choa (Shewa).
  • L’harari (aussi appelée aderigna, vient du terme aderé, qui est le nom donné par les autres ethnies aux hararis) la langue du peuple Harari et langue officielle de la région d’Harar.
  • Les langues gouragué parlées par les gouragués, une ethnie vivant à 80 km au  sud de la capitale Addis Abeba.

     Les langues éthiosémitiques du nord :

  • Le guèze qui est la langue liturgique de l’église éthiopienne.
  • Le tigrinya est la langue du peuple tigréen, la langue officielle de la région du Tigré:

Tigrinya signifie la langue du Tigré ou des tigréens. Le "inya" dans Tigr-inya est le suffixe qui veut dire langue.

Dans la première moitié du 6e siècle, Cosmas Indicopleustès (le voyageur des Indes), de son vrai nom Constantin d'Antioche, est un explorateur, marchand et chrétien, d’origine grec syrienne  établi à Alexandrie, a copié une ancienne inscription bilingue en guèze et grec (le Monumentum Adulitanum) décrivant les campagnes militaires d’un roi d’Adoulis, le port utilisé par les axoumites et situé sur la Mer Rouge (de nos jours la région de Massawa). L’inscription mentionnait que les gens vivant près d’Adulis étaient appelés les tigrerets. Ces tigrerets ont dû avoir une influence culturelle et politique car aujourd’hui nous avons deux groupes ethniques distincts qui commencent par le mot tigre : les tigréens du nord de l’Ethiopie et les tigrés en Erythrée.
La langue tigrinya descend directement du guèze. La plus ancienne référence écrite du tigriniya, datant du 13e siècle de notre ère, a été découverte en Erythrée.

2 - Les langues couchitiques :

  • L’afaan oromo ou oromiffa, la langue du peuple Oromo et la langue officielle de la région oromo.
  • L’afaraf ou qafaraf, la langue des afars, ethnie vivant au nord-est de l’Ethiopie, et la langue officielle de la région Afar.
  • Le somali, la langue du peuple somalien et la langue officielle de la région Somali au sud-est de l’Ethiopie.
  • Les langues agaw, historiquement parlées dans sur les hauts plateaux éthiopiens du lac Tana au Tigré. Autrefois dominantes dans ces régions, elles ne sont plus parlées que par de petits groupes résiduels, dans la zone Awi à l’ouest du lac Tana, la région de Sokota au nord de Lalibela, et par les qemants ou kimants habitant au nord-est de Gondar.
  • Certaines ethnies du sud de l’Ethiopie parlent également une langue couchitique, notamment les peuples konso, arboré, dassanetch.

3 - Les langues omotiques :

Ce sont des langues parlées par les ethnies vivant dans la région de l’Omo en Ethiopie, notamment hamer, bana, karo, ari, wolaitta, gamo.

Environ 50% de la population est de langue couchitique et 38% de langue sémitique.

Certaines langues sont de la famille des langues nilo-sahariennes :

Ce sont notamment les ethnies mursi, bodi, surma (langues soudanaises orientales) vivant au sud de la rivière Omo, les ethnies anuak et nuer habitant la région du Gambella près de la frontière avec le Soudan du Sud, et les ethnies berta et gumuz dans la région du Benishangul-Gumuz située le long de la frontière soudanaise.   

Langues en Ethiopie

Le guèze :

L’alphabet guèze est appelé fidel (qui veut dire écriture).

Origine du guèze :

L’Église orthodoxe éthiopienne, attribue l’introduction de l’alphabet guèze dans sa forme originale, c’est-a-dire l’alphabet consonantique, à Enosh (personnage biblique de l’ancien testament, petit fils d’Adam). Enosh était un serviteur fidèle et juste de Dieu. Il a été récompensé pour son travail honnête par un don divin de l’alphabet afin que cela lui serve d’instrument pour codifier les lois. Autrement dit, les cieux lui ouvrirent leurs portes et les Écritures lui furent révélées.

L’écriture guèze dérive d’une ancienne écriture de l’Arabie du Sud, de ce qui est aujourd’hui le Yémen. Les plus anciennes inscriptions des langues sémitiques découvertes en Érythrée et en Éthiopie datent du 9e siècle avant la naissance du Christ.

Ces inscriptions sudarabiques ou sabéennes sont écrites avec un alphabet consonantique, aussi appelé abjad, qui est un alphabet dont les 29 graphèmes (unités de base) sont des consonnes. Les voyelles dans un alphabet consonantique sont implicitement dictées par la phonologie : le lecteur doit connaitre la langue pour en établir toutes les voyelles.

Inscription en langue sudarabique ou sabéenne (musée du temple de Yeha, nord de l'Ethiopie)

L’ancienne langue sudarabique s’écrivait en boustrophédon, c’est-a-dire une écriture dont le sens de lecture change alternativement d'une ligne sur l'autre, à la manière du bœuf marquant les sillons dans un champ, allant de droite à gauche puis de gauche à droite. Ce mot veut dire action de tourner les bœufs en ancien grec et en effet son sens d’écriture rappelle le trajet de bœufs creusant les sillons dans un champ.

A partir du 10e siècle avant la naissance du Christ, des peuples d’origine sudarabique auraient migrer vers le continent africain et seraient venus s’installer en Erythrée et dans le nord de l’Ethiopie, ce qui expliquerait l’apparition de l’écriture sudarabique dans la région.

Vers le 7e siècle avant le Christ, des variantes de l’alphabet sudarabique vont donner naissance à l’alphabet consonantique guèze. A partir du 1er siècle de notre ère, le guèze va s’établir comme la langue de l’empire axoumite et de cette époque l’écriture va se faire de la gauche vers la droite.

On a retrouvé sur des inscriptions pré-axoumites, écrites en langue sudarabique, le nom de différentes tribus, dont une mentionne le mot YG 'DYN, homme de Yeg'az, qui pourrait être l’indice d’une tribu appelée Agazyan. Sur une inscription, le Monumentum Adulitanum, datant du 3e siècle après la naissance du Christ, est écrit le nom d’une tribu nommée Gaze, qui pourrait faire référence aux axoumites. Du temps d’Ezana, roi axoumite du 4e siècle, on mentionne une tribu Agwezat. Le mot geez (guèze), dérive probablement d’un de ces noms de tribu : Agazyan, Gaze ou Agwezat. Et de nos jours, on utilise le terme Agazi pour nommer les tigréens.

La vocalisation interviendra au 4e siècle lors du règne du roi Ezana et est attribué à une équipe d’érudits axoumites dirigée par Frumence, qui est considéré le fondateur de l’église chrétienne orthodoxe d’Ethiopie. Le premier texte entièrement vocalisé est une inscription datant du règne d’Ezana.

Après le déclin de l’empire axoumite au 7e siècle, le guèze aurait cessé d’être parlé de façon courante vers le 10e siècle et avec le transfert du pouvoir vers la région de Lalibela, le guèze va être remplacé par l’amharique en tant que langue parlée, mais restera la langue écrite et des savants éthiopiens jusqu’au 19e siècle.

Le guèze, alphabet de référence en Ethiopie :

Le guèze est à la base de l’écriture des langues sémitiques en Ethiopie. Le Tigrinya est la langue qui est la plus proche du guèze.

Avant que l’alphabet latin ne soit utilisé dans les années 90, le guèze servi aussi de base pour l’écriture de certaines langues couchitiques ou omotiques.

De nos jours, c’est la langue liturgique de l’église orthodoxe d’Ethiopie, mais aussi de l’église catholique éthiopienne et de l’église orthodoxe d’Erythrée. 

Les traits caractéristiques du guèze :

Le guèze est un système d’écriture alphasyllabaire. Un alphasyllabaire ou abugida est un ensemble de signes utilisés pour représenter les phonèmes d'une langue. Situé à mi-chemin entre un syllabaire et un alphabet, il consiste en des signes représentant des syllabes dotées d'une voyelle par défaut et d'autres signes, souvent annexes, modifiant, remplaçant ou supprimant cette voyelle par défaut.  

Le terme abugida est d’origine guèze, formé d'après les quatre premiers signes verticaux de son écriture (comme alphabet d'après alpha et beta).

Syllabaire: système d'écriture dans lequel chaque signe représente une syllabe (et non un son simple).

Phonème: élément sonore du langage parlé, considéré comme une unité distinctive. Le français comprend 36 phonèmes (16 voyelles et 20 consonnes).

L'alphasyllabaire guèze comporte 26 signes consonantiques de base. Il fut développé en ajoutant des traits supplémentaires à chaque consonne pour noter la voyelle suivante. Chaque consonne peut se combiner avec 7 voyelles. Ce sont des voyelles inhérentes, c'est-à-dire des voyelles qui ne sont pas écrites mais associées automatiquement dans la prononciation à la notation d'une consonne. Il y a ainsi un total de 182 caractères, et l’écriture se fait de la gauche vers la droite.

L’amharique :

L’amharique (amarinya, la langue amharique ou des amharas) est une langue sémitique appartenant à la même famille que le guèze.

L’origine de la langue :

Selon une tradition orale, la langue amharique fut créée par un groupe de savants de l’église orthodoxe car ceux-ci trouvaient que le guèze ou son dérivé le tigrinya n’étaient pas bons pour communiquer. Le terme amharinya viendrait alors du mot tigrinya amhirulay signifiant, beau ou qui devient beau. Il n’y a aucune évidence généalogique pour supporter cette légende.

Selon le linguiste américain Lionel Bender, l’amharique ou pré-amharique aurait vu le jour vers le 4e siècle après la naissance du Christ, en tant que pidgin, dans la région du bassin de la rivière Bashilo (sud-est du lac Tana) connue durant cette période par le nom amhara. Cette région tout comme la partie centrale du nord de l’Ethiopie était habité par le peuple agaw de langue couchitique. Des individus de langue sémitique venus du nord de l’Ethiopie, peut-être lors d’expéditions militaires, s’y seraient établis menant à l’apparition de la langue amharique. Il atteste aussi que l’amharique est devenu une langue distincte vers le 9e siècle.

En fait, cette région viendra à être connue sous le nom d’Amhara qu’a partir du 9e siècle.

Un pidgin est une langue véhiculaire simplifiée créée sur le vocabulaire et certaines structures d'une langue de base.

Dès lors, des natifs de langues couchitiques et notamment agaws furent incorporés en tant que soldats. L’amharique se serait alors développé à partir du langage pidgin, la langue sémitique des officiers venus du nord se mélangeant à celle des soldats.

L’amharique va d’une langue de la force militaire, devenir la  langue du roi pendant le règne du roi Lalibela au 12e/13e siècle, suite à une lutte de pouvoir avec les agaws.

On affirme aussi que l’amharique devint la langue du roi (lisana nigus) lors du règne du roi Yekouno Amlak (periode de regne: 1270-1285).

Elle va devenir la langue de la royauté, de l’état et de la population dominante des hauts plateaux de l’Éthiopie entre la fin du 13e siècle et le début du 14e siècle.

L’amharique va alors se propagé plus au sud jusqu’au lac Tana lorsque le roi Amda Sion (1314-1344) étendit son territoire. Et jusqu'à la province du Choa (Shewa) lors de conquêtes militaires du roi Zara Yacob (1434-1468).

Le plus ancien texte en amharique est un recueil de chants et poèmes datant du 14e siècle. Le guèze va rester la langue écrite jusqu'à la fin du 19e siècle.

C’est l'empereur Téwodros 2 (1855-1868) qui a été le premier à faire de l'amharique une langue littéraire, l'élevant à une forme écrite. Contrairement à ses prédécesseurs, il a veillé à ce que ses chroniques royales soient écrites en amharique plutôt qu'en guéez. C’est ainsi que l’amharique a progressivement remplacé le guèze an tant que langue écrite.

Durant son règne, l'empereur Yohannes 4 (1872-1889), qui était originaire du Tigré, utilisa l'amharique dans sa correspondance avec les rois régionaux dans l'espoir d'unifier l'État.

L'empereur Ménélik 2 (1889-1913) a ensuite veillé à ce que l'amharique devienne la langue des dirigeants et des élites du pays. C'est sous son règne, suite à des campagnes militaires pour étendre son empire, que l’amharique va s’étendre jusqu'aux nouvelles frontières de l'Ethiopie. Dans les territoires absorbés, des colons amharas vont s'installer, de nouvelles régions vont être créées, de nouvelles villes vont être fondées pour y établir une administration gouvernementale dont la langue sera l'amharique.  

C’est l'empereur Hailé Sélassié (1930-1974) qui va décider que l’amharique deviendra la langue officielle du pays.

Depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle constitution le 21 août 1995, l’amharique n’est plus la langue officielle du pays, seulement la langue du travail du gouvernement fédéral et pour la population elle fait office de langue véhiculaire (langue qui permet la communication entre des peuples de langues maternelles différentes).

Lors d’une réunion du conseil des ministres du 29 février 2020, le statut de langue de travail fédérale a été accordé à quatre autres langues: le tigrinya, l’afar, le somali et l’afaan oromo (avec les amharas ce sont les quatre principales ethnies du pays).

L’amharique est la langue de travail de la capitale Addis Abeba et de certaines régions du pays créés en 1995 autour d’ethnies différentes:

  • La région du Benishangul-Gumuz.
  • La région du Gambella.
  • La région des nations et nationalités du sud.
  • La ville à charte de Dire Dawa (la ville était auparavant sous tutelle fédérale et a sa propre administration depuis la proclamation de la charte du 30 juillet 2004).

Caractéristiques de l’amharique :

L’amharique est écrit sous une forme légèrement modifiée de l’alphabet guèze. Il y a 33 signes consonantiques de base, dont chacun a sept formes selon la voyelle à prononcer dans la syllabe. La langue amharique a été fortement influencée par les langues couchitiques, en particulier l’oromo et l’agaw. Il y au total 231 caractères.

Il n'y a pas de romanisation standard de l'amharique, la graphie employée varie sensiblement selon les ouvrages et les langues. C’est pour cette raison que les mots, noms sont orthographiés différemment d’un texte à l’autre. Il en existe cependant une transcription scientifique qui permet aux caractères guèzes de conserver leur sens. Elle demande des caractères particuliers rarement disponibles sur les systèmes informatiques courants. On la rencontre donc peu en dehors des ouvrages de linguistique.

En fin d'article, il y a un lien vers un site internet sur la langue amharique, ainsi q'une fiche sur cette langue à télécharger.

Alphabet amharique

Le latin, l’autre alphabet :

L’introduction de l’alphabet romain en Ethiopie :

Depuis l’exploration pré-coloniale et coloniale de l’intérieur de l’Afrique, des tentatives ont été faites, surtout par des missionnaires chrétiens, pour donner transcrire les langues africaines.

Aujourd’hui, la plupart des langues africaines ont un système d’écriture utilisant des formes modifiées de l’alphabet romain ou latin. La majorité de ces systèmes d’écriture ont été développés par des missionnaires chrétiens, qui en coopération avec les administrations coloniales ont essayé d’unifier les systèmes d’écriture.

En Ethiopie, avant les années 70, les langues couchitiques étaient écrites avec l’alphasyllabaire guèze ou amharique. C’était le cas de la langue afar depuis 1849.

Durant le règne d’Hailé Sélassié il était interdit d’écrire ou d’enseigner avec une autre langue que l’amharique.

Dans les années 1970, deux intellectuels et nationalistes afar, Dimis et Redo, ont créé l’alphabet d’Afar basé sur l’écriture latine et l’ont appelé Qafar Feera.

Les somalis, une autre ethnie de langue couchitique en Ethiopie a adopté l’alphabet latin en 1972.

Durant cette période, les oromos, la plus importante ethnie couchitique du pays (plus de 40 pourcent de la population), vont également adopter l’alphabet latin pour écrire leur langue, sous le nom de qubee afaan oromo. Jusque dans les années 70, les écrits en langue oromo, rédigés avec l’alphabet guèze et avec une faible publication, étaient limités à promouvoir la culture, et la vie du peuple Oromo.

Même durant le régime militaire de Mengistu Haile Mariam il sera toujours interdit d’écrire la langue Oromo avec l’alphabet latin. Il faudra attendre la chute du régime en mai 1991 pour que cela soit possible.

Le 3 novembre 1991, le front de libération oromo (groupe politique défendant les intérêts du peuple oromo créé en 1973), convoqua une réunion de plus de 1000 intellectuels oromo dans le parlement éthiopien pour décider de l’alphabet à utiliser pour écrire la langue Oromo. Après de nombreuses heures de débat, ils ont décidé à l’unanimité d’adopter l’alphabet latin.

Les ethnies de langues omotiques se servent soit de l’alphabet latin ou de l’alpasyllabaire guèze.

Les langues nilo-sahariennes qui sont restées longtemps de transmissions orales ont été transcrites assez récemment, soit avec un alphabet guèze soit avec un alphabet latin, par des missionnaires ou des enseignants universitaires.

Certaines caractéristiques de l’écriture couchitique, avec l’alphabet latin :

Le nombre de consonnes varie. Celles-ci peuvent être simples ou doublées. La longueur de consonne distingue le sens du mot.

En général, les langues couchitiques parlées en Ethiopie ont cinq voyelles, ce sont les sons qui font la différence dans le sens du mot. Ils peuvent être longs ou courts. La longueur de la voyelle fait la différence dans le sens du mot, ex : en oromo laga signifie rivière, laagaa signifie le palais (dans la bouche). Par écrit, les voyelles longues sont habituellement représentées par une double lettre.

Souvent, les syllabes dans les langues couchitiques finissent par une voyelle ou une consonne simple.

L’ordre typique des mots dans les phrases en oromo est Sujet – Objet – Verbe.

Les noms ont un caractère inhérent (masculin ou féminin) qui ne peut être déterminé par la forme du nom, à quelques exceptions près lorsque le genre biologique est associé à un suffixe particulier, comme en oromo-eessa pour les noms masculins et -eetti pour les noms féminins, ex: obboleessa (frère) et obboleetti (sœur).
Les adjectifs se rapporte toujours à un nom ou à un pronom avec lequel il s’accorde en genre (masculin ou féminin) et en nombre (singulier ou pluriel), ex : pour les noms masculins, en oromo nama (homme), namicha (l’homme), pour les noms féminins haroo (lac), harittii (le lac).

Alphabet oromo

 

Alphabet somali

 

Alphabet afar

Les langues d’enseignement en Ethiopie :

L’éducation moderne va être introduite progressivement depuis le début du 20e siècle.

Pendant la période de 1908 (l’année de la création de la première école moderne du pays par Ménélik 2) à 1935, l’objectif principal de l’éducation était de rendre les élèves compétents dans différentes langues telles que le français, le guèze, l’italien, l’arabe et l’amharique. L'amharique est alors considéré une matière scolaire comme les autres.

Le français sera notamment utilisé comme langue d'enseignement jusqu'en 1936. Puis ce sera l'occupation italienne jusqu'en 1941, l’italien va être imposé aux écoles éthiopiennes comme moyen d’enseignement durant les cinq années d’invasion du gouvernement fasciste italien.

Durant le règne d’Hailé Sélassié, la langue d’enseignement locale était uniquement l’amharique. En 1942, l’anglais est devenu la langue étrangère occidentale dominante, supplantant le français et l’italien qui étaient alors les principales langues occidentales parlées depuis l’époque de Ménélik 2.

La francophonie fut importante en Ethiopie de la fin du 19e siècle jusqu'à l’occupation italienne en 1936. Il y a eu de nombreux français dans l’entourage de Ménélik 2, et d’Hailé Sélassié. Les français ont construit le chemin de fer entre Djibouti et Addis Abeba.

De 1942 à 1944, le pays va être placé sous tutelle britannique, car c’est son armée qui a libéré l’Ethiopie de l’occupation italienne. La langue anglaise devient la langue de l’enseignement ainsi que la langue de l’administration. 

De 1979 à 1990, la junte militaire de Mengistu Hailé Mariam a entrepris une politique d’éducation de masse comprenant deux volets :

Une campagne nationale d’alphabétisation avantageant les langues de différentes nationalités du pays et la construction d’écoles primaires jusque dans les villages les plus reculés, ou l’éducation serait faite en amharique. Mais, bien que 15 langues aient été utilisées, correspondant aux langues parlées par 95 % de la population du pays, cette campagne s’est terminée, pour différentes raisons, avec une progression de l’amharique.

En avril 1994, une nouvelle politique d’éducation et de formation fut lancée par le nouveau gouvernement.

L’anglais va alors être enseigné comme matière dès la première année de l’école primaire (le primaire va de la première à la huitième année) et devenir la langue d’enseignement dans le secondaire et le tertiaire. L'anglais considéré comme la langue de la science et de la technologie, tous les livres scolaires scientifiques sont en anglais.

Chaque région est libre de choisir la langue d’instruction dans le primaire. Il y a une vingtaine de langues régionales utilisées pour l’enseignement à partir de la première année du primaire. 

Dans les régions  la population oromo est importante, Harar, Dire Dawa, Addis Abeba et le Benishangul-Gumuz, il y a des écoles la langue d'enseignement primaire est l'oromo.

Certaines régions ont choisi d’introduire l’anglais en tant que langue d’instruction dès la 5e année du primaire: régions du Gambella, et des Nations et Nationalités du sud de l’Ethiopie, dès la 7e année du primaire dans les villes d’Addis Abeba et de Dire Dawa et les régions Afar et du Benishangul-Gumuz.      

Jusqu'en 2018, dans les écoles primaires des régions Oromo, du Tigré, et de Somali, l'amharique n'était qu'une matière comme les autres. Par exemple en région Oromo, la langue amharique n’était enseignée qu'à partir de la 5e année.

Mais dans le nouveau système scolaire que le gouvernement essaye de mettre en place depuis 2018, celui-ci veut que l'amharique soit une matière obligatoire dès la première année d’éducation primaire dans tous le pays, que l'enseignement soit fait dans la langue maternelle dans le primaire (1-6) et l'anglais comme langue d'enseignement à partir de la 7e année.  Mais toutes les regions ne sont pas d'accord avec ce changement.

Fiche de la langue amharique à télécharger

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